Message posté ailleurs le 20 mai 2009.
Aujourd'hui, 20 mai, 36 ans, déjà, de la disparition tragique d'un des meilleurs.
C'est en effet le 20 mai 1973 à Monza que nous quittait le prodigieux
Jarno Saarinen.
Vous trouverez quelques informations générales sur Jarno Saarinen
ICI.
Mais de mémoire, je vais en ajouter d'autres.
Ce qui faisait la force de Jarno, c'est incontestablement le fait qu'il ait commencé à courir en moto sur la glace en Finlande.
A cette époque, il n'y avait pas de pneus cloutés et on imagine la difficulté que pouvait représenter le fait de devoir non seulement rouler mais en plus concourir sur une telle surface ! Peu d'entre nous seraient capables de rouler 10 mètres sans tomber en étant bien droit sur la machine alors sur la glace et en course imaginez le tableau...
Selon ce que j'ai lu dans les années 70, les pilotes sur glace travaillaient leurs pneus avec du papier de verre à très gros grain de façon à ce que la surface du pneu ressemble à celle du papier verré. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire pour augmenter le grip...
Et non seulement Jarno arrivait à rouler mais en plus il gagnait et fut même champion plusieurs fois.
Lorsqu'un tel équilibriste se présente sur du macadam, on se doute bien que la glisse ne lui fait pas peur et qu'il a un énorme avantage sur bien d'autres pilotes.
Et c'est ainsi que Saarinen, qui par ailleur était ingénieur en aéronautique, décida de se lancer dans l'aventure des courses de vitesse sur route.
La première année, avec extrêmement peu de moyens financiers, il passa sur le continent avec son ami Teuvo "Teppy" Lansivuori dont le père, croque-morts de son état, leur avait prêté le corbillard pour transporter les machines des deux pilotes !!
Cette anecdote est authentique et fort peu connue.
Teuvo Landsivuori Une fois adapté aux circuits européens, le talent de Saarinen commença à payer. Son pilotage était une véritable révolution en matière de vitesse sur route à une époque où les pneus étaient toujours de section triangulaire et de composition trop dure pour permettre des folies. Mais Jarno savait comment faire glisser une moto et pour cause.
Se déhanchant au maximum jusqu'à poser le genoux par terre comme sur la glace, tout en pesant de tout son poids sur le pose-pied extérieur au virage, il pouvait ainsi abaisser le centre de gravité tout en contrôlant la dérive qu'il provoquait sur la roue arrière.
Autrement dit, il faisait en 1970 et avec des pneus savonnettes ce que les pilotes modernes font aujourd'hui grâce à des pneus super adhérents !
Deux ans plus tard, il décroche un contrat chez Arwidson Yamaha(Hollande) et va remporter le championnat 250cc.
Une star était née et Agostini avait toutes les raisons de craindre la montée de Jarno en 350cc et 500cc d'autant qu'avec une TZ350cc Saarinen(dossard numéro 10) avait remporté haut la main les 200 miles de Daytona et les 200 miles d'Imola dans la foulée, humiliant au passage les pilotes 750cc qu'il laissait sur place avec sa 350 !
Pilote officiel Yamaha-usine(Japon, la maison mère) en 1973 avec comme équipier le japonais Hideo Kanaya(recordman du monde de la plus haute vitesse enregistrée en 2 roues sur piste, 403 km/h à Daytona) il se lance donc à la conquête du royaume d'Agostini, les 500.
Et le premier GP est un véritable festival, Saarinen est intenable sur la toute nouvelle TZ4 500cc 4 cylindres 2 temps. Ago essaye bien de le suivre mais il est obligé de sur-piloter et il s'étale sans se faire mal.
Jarno Saarinen est parti pour conquérir le titre, rien ne peut l'arrêter.
Et puis vint ce funeste GP d'Italie de Monza le 20 mai 1973.
Dans la course des 125cc précédant celle des 250cc, Walter Villa perdait de l'huile mais au lieu de s'arrêter il continua un tour entier pour ramasser quelques points.
Dans la Curva Grande, d'énormes traces d'huiles maculaient la piste en pleine trajectoire, un piège mortel que personne ne semblait voir.
Un spectateur, fan de Saarinen, couru vers le paddock et prévint le directeur de course de la présence de cette huile. Les commissaires reçurent l'ordre de nettoyer, mais aucun d'entre eux ne se donna cette peine...
Au premier passage, Saarinen et Pasolini s'accrochèrent et chutèrent, entrainant avec eux le paquet qui suivait. Une quinzaine de motos par terre et le feu prenant de plusieurs réservoirs éventrés.
Jarno fut tué sur le coup alors que Pasolini s'était relevé, mais il fut ensuite percuté et y perdit la vie à son tour...
Deux morts par la faute de commissaires incompétents qui mirent ainsi fin au règne de celui qui allait détrôner Giacomo Agostini...Ma répulsion chronique pour les commissaire de piste vient sans doute de là.
Quelques autres images.
Rodney Gould, Angel Nieto et Jarno(surla moto) à Brno 1972Renzo à gauche et Saarinen à droite, Sachsenring 1972. Destin tragique.Autographe de Jarno.Salut Champion.
ANECDOTES PERSONNELLES.En ce triste jour je ne peux que me souvenir que le dimanche 20 mai 1973 à l'heure de l'accident de Jarno, je promenais une jolie blonde en mini-jupe qui s'appelait Jany et qui aimait se faire peur derrière moi sur ma Suzuki 350 Apache...C'était un si beau dimanche de printemps, elle avait un si joli sourire et rien ne pouvait laisser prévoir ce qui se passait à Monza.
Pourtant, quand je rentrais chez moi, ma mère m'informa d'un accident grave "qui serait survenu en Italie" et immédiatement j'ai pensé à Jarno...Les infos ultérieures ne firent que confirmer mes craintes.
Alors que j'étais encore marin le 26 janvier 1973, j'avais décidé d'arrêter la marine pour me consacrer à la course de moto, dont j'ignorais quasiment tout. Pour m'instruire un peu, j'achetais régulièrement Moto-Journal et c'est là que j'ai découvert Jarno Saarinen, tout récent champion 250 et dont naturellement la presse spécialisée parlait abondamment.
J'ai découvert un type super sympa et je suis tombé sous le charme si je puis dire, j'en fis donc mon idole, un sorte de modèle.
Sa disparition survint alors que je n'avais pas encore fait un mètre en course, je préparais seulement la saison 74 et je me retrouvais sans idole...
Une motivation de plus.
Mon cuir était le même que le sien et j'eus l'indélicatesse(je ne m'en suis rendu compte que bien plus tard) de peindre mon casque comme le sien. C'était vraiment pas un truc à faire même si ça partait d'une bonne intention et je m'en suis rendu compte la première fois que j'ai approché des pilotes de course finlandais. Y avait comme un froid et je me sentais pas très bien du tout...
Suite à ça j'ai changé de casque(en fait on m'a volé le Saarinen replica...) mais j'ai conservé le cuir et fait toute ma "carrière"(3 saisons seulement) avec lui.
Dans le paddock, tout le monde m'appelait Jarno mais la comparaison avec lui s'arrête évidement là, j'étais à 100 lieues d'avoir son talent.
Bref, Saarinen était pour moi comme le fut Senna plus tard, la seule différence étant que je n'ai pas eu le temps d'apprécier le finlandais puisqu'il est mort avant que je l'aie vu courir et sans que je l'aie jamais approché. En fait, les images filmées ci-plus haut sont la première fois que je le vois "vivre" et que j'entends sa voix.
Un dernier mot pour dire que Soeli est depuis longtemps remariée et que tout va bien pour elle. Nous sommes finalement très peu de choses...
Voilà, merci d'avoir lu.