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 Le grand départ

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Air One
Dee Michael
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Dee Michael
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MessageSujet: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 14:16

Il est dans nos misérables existences, des heures qui semblent durer toujours et j'en suis le premier surpris, moi dont la mémoire est on ne peut plus éphémère.
De banales heures comme les autres, faisant pourtant bien elles aussi soixante minutes tout du long mais qui, alors que des milliers d'autres disparaissent à tout jamais dans le gouffre du temps et de l'oubli, restent en nous comme si elles étaient éternelles, comme si elles s'étaient fixées à nous par je ne sais quelle magie.

C'est de quelques heures comme ça que je vous entretiens en ce jour anniversaire, anniversaire que les plus assidus auront retenu, la date fétiche de mon premier départ à la marine marchande.
Cette fois, c'est le 39ème et, si je me souviens de quelques heures de 1971, par contre je ne sais pas trop où sont passées ces heures qui ont fini par construire un écart de 39 années.
Trente-neuf années...

...

Ce jour-là donc, jeudi 25 novembre 1971, c'est dans un uniforme tout neuf mais fort mal coupé, que le gamin que j'étais s'en alla, figé sur la banquette arrière de la voiture familiale. Comme je le revois aujourd'hui, je suis sûr qu'il était totalement inconscient de ce qu'il faisait. Il n'était jamais parti de chez lui, il n'avait jamais quitté sa famille, pas même quelques jours et d'un coup d'un seul, le voilà qui se lançait dans un monde dont il ignorait tout et avec la garantie d'y être seul(entendez "sans ses parents") durant trois mois.
Passion ? Même pas, rien ne le prédestinait à la mer, né qu'il était dans le coeur des terres liégeoises où la seule eau qu'on voit est celle de la pluie se mêlant à celle de la Meuse, ce long fleuve gris-sale sans aucun charme et sur lequel défilent de banales péniches sans prétention.

Mais pourtant il s'en allait. Une décision soudaine, presque un coup de tête typiquement Bélier, une soif d'ailleurs peut-être ou d'aventure vécue. Mais il partait et rien ne l'en empêcherait.
Sa pauvre mère sentait ce départ comme une petite mort mais bien entendu, il n'en voyait rien. Lui, il était simplement content de sortir de ce carcan familial étouffant et d'entrer comme un grand dans un monde de grands, dur et impitoyable, même si ça il ne le savait pas encore.

Pour lui, la marine c'était un rêve, c'était les cargos qu'on voit dans les Tintin, c'était aussi le soleil en hiver et sa destination, l'Afrique, où il arriverait mi-décembre, en témoignait déjà. Pour lui, aucun travail sur un navire ne pourrait jamais être plus pénible que ce qu'on l'avait forcé à faire sur des chantiers grisâtres dans des endroits laids à mourir et d'une froideur effrayante, à tirer des kilomètres de câbles électriques sans jamais voir l'ombre d'un tournevis, ce qui, pour l'électricien qu'il était, frisait la torture morale en confirmant à ce gamin que ses études il les avaient faites pour rien.
Pas vraiment pour rien quand même, car ce diplôme d'électricien avait servi à ouvrir la porte de la marine où il était désormais engagé comme...élève officier-mécanicien sans pourtant jamais avoir appris ce qu'était un piston !
Les choses sont parfois amusantes...

Et je le revois, regardant l'autoroute d'Anvers défiler au travers de la vitre de l'Opel Rekord, à la fois impatient d'arriver et de découvrir son navire(qu'il n'avait encore jamais vu) mais aussi légèrement anxieux à l'idée d'envisager la séparation à venir...
Et je le revois arrivé à Anvers en fin de matinée, saluer un facteur qu'il avait pris pour un officier supérieur sans savoir que même si ça avait été le cas, il ne fallait pas saluer, cette coutume n'étant pas d'application dans la marine civile...

Et je le revois, nettement, dans un petit restaurant italien d'Anvers, déjeuner sans appétit et l'estomac noué, bavardant pour se donner un semblant de contenance, j'allais dire de "consistance", car plus l'heure tournait et plus il commençait à se rendre compte qu'il ne savait pas du tout où il allait...

Vers 14h, je le revois si bien, les joues roses et le front haut, fier d'être là, aligné sous une petite bruine fine sur le quai 210 avec les autres élèves, faisant face à l'instructeur, un 2ème officier-mécanicien qui, se prenant pour Patton, leur demanda fermement de se mettre au garde à vous, ce qui eut sans doute le don de rajeunir le père, resté sur l'arrière et se remémorant lui-même son entrée au service militaire.

Mais l'instructeur avait peu d'importance, car derrière lui s'étendait sur près de 200 mètres, la masse d'acier de ce cargo qui allait être sa maison les trois prochains mois. Qu'il était beau ce navire ! La coque peinte en orange, les superstructures en blanc, la cheminée en brun léger avec par dessus le sigle de la compagnie nationale, la CMB, nom de prestige qui avait accompagné tous les belges partant travailler au Congo. Qu'il avait l'air tranquille ainsi amarré et presque silencieux, qu'il semblait confortable. Et quelle impatience avait ce jeune homme de monter dessus tel un enfant qu'il était encore.
Et il monta.
D'ailleurs, tous montèrent, élèves autant que familles.
Mais lui, il grimpa l'échelle de coupée comme quelqu'un qui arrivait chez lui, comme si toute sa vie s'était déroulée dans cet univers, rien ne le surprenait, il était déjà roué à toute ces petites choses qui déconcertent quand on embarque pour la première fois, il se sentait déjà dans son élément.

Et je le revois qui, sur les conseils du père, se précipite dans sa cabine afin d'y choisir sa couchette avant les autres. Comme cette petite cabine de 4 couchettes semblait accueillante avec ses deux hublots rectangulaires auxquels étaient fixés de petits rideaux.

Et, sacs posés, on entreprit de découvrir le nouvel univers, en prenant soin de ne pas changer de pont, on ne sait jamais, on pourrait se perdre !
La mère était déconcertée, sans doute que pour elle cet univers n'était pas assez chaleureux pour son gamin mais enfin, elle faisait bonne figure et ne laissait rien paraître de son énorme angoisse naturelle alors que lui ne voyait toujours rien...
Et l'on se photographia, pour la postérité.

La nuit tombe vite en novembre et les parents furent bientôt conviés à quitter le bord. L'heure des adieux était venue...
On n'est sans doute pas tous faits du même métal et c'est dans ces occasions qu'on s'en rend compte. Un peu plus loin, une mère, une autre, pleurait à chaudes larmes sur l'épaule de son fils, sans se rendre compte qu'elle ridiculisait son gamin. Plus loin, un père jurait en flamand parce que sa femme commençait à pleurnicher. Fort heureusement, j'eus la chance de ne pas subir ce genre de désagrément, notre séparation fut digne et brève.

Et je revois le gamin que j'étais, sur le coup de 17h dans la pénombre grandissante, accoudé au bastingage comme si il était né là, regarder descendre ses parents vers le quai, leur sourire de son plus beau sourire et agiter sa main vers eux sans montrer que son estomac était noué. Mais même à ce moment, il ne se rendait pas encore compte que demain ils ne seraient pas près de lui, il ne comprenait toujours pas qu'il les quittait pour trois mois et même pour la vie car il ne serait plus jamais pareil après. Non, rien de tout ça, il ne voyait qu'une seule chose: maintenant il était libre et il allait enfin vivre sa vie.

CowBoy


Quelques images postées en public pour la première fois. Ce sont hélas des mauvaises photos, qui avaient d'ailleurs été considérées comme "ratées" au premier développement en 1971 et que j'ai fait refaire récemment. Même de mauvaise qualité, ça reste des archives précieuses puisque ce sont mes seules photos de ce jour-là.

Avec ma mère.
Le grand départ Anvers10

Avec ma cousine Martine à gauche et ma mère à droite.
Le grand départ 25nov111

Le petit enfin seul.
Le grand départ 25nov110


Les images suivantes sont déjà connues, mais je me fais plaisir à les reposter. ^^
Elles ne sont pas de moi, donc n'ont pas été prises ce jour-là.
Cliquez dans l'image pour avoir la grande taille.

Messieurs, notre bateau !
Le grand départ Ms_mon11

Le même sur le fleuve Congo entre Matadi et Boma, mais ne me demandez pas dans quel sens lol.
Le grand départ Ms_mon10

Cette photo est prise à bord du m/s Montsalva, mais la cabine est exactement pareille que sur le m/s Montalto.
Le grand départ Montsa11

Et quelques jours plus tard, cette image du m/s Montalto en mer était devenue familière.
Le grand départ Montal11

J'espère que ce récit d'ancien combattant ne vous aura pas trop cassé les pieds.
Laughing

PS: ce bateau était équipé d'un moteur Sulzer 5 Cylindres qui consommait 20 tonnes de fuel par 24 heures.

~~~~^_^~~~~

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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 18:16

Rhoooo mortel, y a la lecture et les images Cool
Impressionnant le bateau... Et former de solides marins dans un pays sans mer, c' est vrai que c' est pas banal ! Laughing
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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 18:22

Sans mer ?
La Belgique sans mer ??
Et Brel alors ?

"Avec la mère du Nord, pour dernier terrain vague...."

Je sors

~~~~^_^~~~~

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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 20:18

j’avais lu la prose mais pu voir les photos (depuis mon PC au TAF)

du grand Chisum king

j'en reste baba !!!

bravo Monsieur
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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 20:24

Embarassed
Merci.
Wink

On n'écrit vraiment bien que quand on a de bons lecteurs(Dee Michael, XXIème siècle)
Angélique

~~~~^_^~~~~

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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeJeu 25 Nov 2010 - 22:05

Dee Michael a écrit:
Embarassed
Merci.
Wink

On n'écrit vraiment bien que quand on a de bons lecteurs(Dee Michael, XXIème siècle)
Angélique

wahhhhhh merci pour nous farao
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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeVen 26 Nov 2010 - 0:42

Ca me fait penser à un gars dams ma famille, sous-marinier à 15 ans, retraité à 35.
Il a placé sur tous les tuyaux de sa maison des robinets à 2m50 d' intervalle les uns derrière les autres pour prévenir les fuites et compartimenter le bazard. Shocked

Ca marque les sous-marins, doucement avec ta simu, Castrol ! Laughing
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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeVen 26 Nov 2010 - 1:24

Heu...C'est quoi au juste qui te fait penser à ce copain ?
Sorry mais je ne saisis pas à quoi tu fais allusion.

Sinon, il semble un peu "syphonné" ton sous-marinier, ça doit-être la radio-activité sans doute.
En tout cas nous dans la marine flamando-wallonne,nous savons que plus on met de robinets et plus on augmente le risque d'avoir des fuites.
Et en mer...ya pas de calcaire !

Laughing

~~~~^_^~~~~

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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeVen 26 Nov 2010 - 2:14

Tiens j'ai envie de continuer le récit, et pourquoi pas, si vous êtes sages, de refaire tout le voyage, croustillant d'anecdotes.

Une fois séparés de leur famille, tous les cadets semblèrent soudain se transformer.
Groupé par cabine ils firent plus amplement connaissance bien que tout le monde s'était déjà vu lors des visites médicales, des atroces séries de vaccins et des examens d'entrée. Inutile de préciser que dès cet instant, nous étions tous orphelins, entendez que les parents avaient totalement quitté nos préoccupations !

D'aucun avaient une aisance à parler en public, d'autre-et j'en étais-étaient nettement plus timides voire franchement réservés. Les conversations tournaient évidemment sur l'heure de notre départ, prévu pour 18h mais qui avait déjà été reporté deux fois pour cause sans doute de trafic trop important ou de marée pas à la hauteur, car on ne sort pas du port d'Anvers comme on veut.

Dans ma cabine, mes trois collègues étaient francophones, l'instructeur, ce militariste forcené, ayant jugé intelligent de séparer les flamands des wallons...
L'un de mes collègues, Marc F. venait de Verviers. Un autre, Désiré G. venait de Namur et le troisième, Philippe B. arrivait de Bruxelles. L'ambiance était excellente, la bonne humeur avait fait place à ces émotions enfantines de tout à l'heure et l'on parlait d'Océans, de tempêtes énormes, de vagues gigantesques, du mal de mer et des moyens de l'empêcher...
Moi, ignorant tout celà, j'écoutais attentivement sans quasiment rien dire.
"Tiens" me disais-je, "des vagues gigantesques, des tempêtes énormes" ?
"Le mal de mer ? Ah bon, il y a un mal typique de la mer ?".
J'en ignorais TOUT.
Je n'avais jamais songé à ça avant de m'embarquer, c'est affolant cette insouciance !

Mais bon, continuant de l'être je me dis que l'on verrait bien ça en temps utile.
Pour l'instant le chose qui m'intéressait le plus c'était d'être là et réveillé quand on allait quitter le quai. Ca devait être quelque chose d'énorme et je ne voulais pas rater ça.
Marc F. était comme moi, il voulait voir le départ. Armé d'un gros appareil photo, il arpentait le pont des cadets mais comme rien ne se passait il ne pouvait rien photographier qu'il n'avait déjà en boîte.

Vint l'heure du souper et je n'oublierai jamais cette entrée froide, composée d'une sardine sur un toast avec une feuille de salade et une rondelle de citron !
Mince alors, j'aurais jamais pensé à me faire un truc pareil !
Laughing

Les heures passaient et on ne quittait toujours pas le quai. Les plaisanteries allaient bon train sur les raisons de ce "retard", certains avançant que l'écolage se faisait en fait à quai et qu'on faisait semblant d'aller quelque part.
Quelques bières plus tard, beaucoup allèrent se coucher d'autant que le lendemain nos cours commençaient déjà dès 8 heures.
Mais moi, de ça je me fiche, je veux voir le départ.
Marc F. aussi, mais il finit par céder à la fatigue après m'avoir fait promettre de le réveiller quand "on bougerait".

Ce que je fis à 01h30 du matin quand les remorqueurs commencèrent à nous éloigner du quai avant de nous faire faire un demi-tour pour nous mettre dans le bon sens.
C'était magique ce départ de nuit.
La lenteur désespérante avec laquelle le navire se déplaçait dans le bassin du Leopolddok, se dirigeant vers l'écluse de Flessingue, apportait une sorte de majesté au navire, comme si il allait lentement pour qu'on put mieux l'admirer.
Maintenant, il y avait un quai de chaque côté du bateau et les autres navires qui y étaient amarrés, toutes lumières allumées, décoraient la nuit comme des sapins de Noël dans une ville un soir de 24 décembre.
Profitant à fond de ces instants, rien ne m'échappait. Le faible bruissement de l'eau qui filait le long de la coque, les remous d'hélices des remorqueurs nous tirant, le vent frais qui me fouettait le visage, tout cela se gravait en moi tant l'instant était fort. Et Marc devait lui aussi être aux anges, mais son premier sommeil lui avait quelque peu cassé le moral et il ne resta pas longtemps avec moi.
Je me retrouvais alors seul dans la nuit, isolé sur ce pont des cadets sans oser ni monter ni descendre, ignorant si j'en avais le droit. Mais je n'aurai donné cette place pour rien au monde.

Anvers, c'est gigantesque. Mais moi, je l'ignorais alors. Dans mon esprit, on quittait le quai, on passait l'écluse et on était en mer.
Que nenni !
Déjà, il y a des ponts partout. Des ponts amovibles, qu'il faut relever pour laisser passer les gros navires. Et pour les relever, il faut qu'il n'y ait plus de trafic. Or à Anvers, du trafic il y en a jour et nuit.
Ensuite, il n'y a pas qu'une écluse et il faut attendre son tour car tous les navires ne peuvent pas passer l'écluse en même temps, comme les péniches sur les fleuves.
De plus, les conditions de marée doivent être remplies, sans quoi il faut attendre la suivante.
Comment aurais-je pu savoir tout ça ?
Donc moi, je faisais comme les hommes de quart et comme le bateau: j'attendais.

Un long moment plus tard, nous étions arrivés dans une zone qui s'élargissait sans cesse, les rives s'éloignant de plus en plus. C'était atrocement saisissant la première fois-surtout de nuit-ces reflets sur l'eau noire et au loin, des feux de signalisation maritime dont je n'ai jamais su la signification. A vrai dire pour un peu j'aurais eu peur de voir disparaître la terre. Mais il y avait le pont du navire et il était solide, il devint donc tout naturellement mon unique point de repère.

Vers 3 heures du matin, ou peut-être 4, je ne sais plus, ce n'était pas encore la mer mais on ne voyait plus aucune lumière, la sensation de vide était déroutante, presque affolante et je me réfugiai enfin dans ma couchette, ravi d'avoir été jusque là, le seul des cadets à l'avoir fait et donc le seul qui aurait quelque chose à leur raconter demain.

A suivre.

CowBoy

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Dernière édition par Dee Michael le Dim 31 Mar 2013 - 20:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le grand départ   Le grand départ Icon_minitimeVen 26 Nov 2010 - 10:27

La suite, la suite bounce
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