Bastogne 1944

21 décembre 1944.

Situation du front.

Au centre, à Saint-Vith, les Allemands attaquent en force et prennent la ville le 21 vers minuit. La 7e division blindée US se rétablit à l'Ouest, mais reçoit l'ordre de se replier. Sa remarquable défense de Saint-Vith a brisé la marée allemande et a surtout permis aux autres unités américaines de venir former la digue nord du saillant.

Sherman de la 7ème division blindée en position défensive près de St Vith.


La ville belge de Saint-Vith était un carrefour vital(gare de triage et de réparation des chemins de fer) et d'importance stratégique majeure car étant située à la frontière entre le Troisième Reich et le Luxembourg. Elle est également située à proximité de l'extrémité Ouest de la trouée de Losheim, une vallée qui traverse les crêtes densément boisées de la forêt ardennaise, axe majeur de la contre-offensive allemande.
La 28e division d'infanterie US, la 7e division blindée, la 9e division blindée et la 106e division d'infanterie, sous commandement du général Bruce C. Clarke, furent assignées à la défense de la ville.

Des panzergrenadieren avancent en forêt près de St Vith.


La contre-offensive allemande du 5ème panzer korps fut contenue avec succès par les troupes américaines, ralentissant considérablement l'avancée allemande. Toutefois, Bruce C. Clarke abandonnera la ville le 21 décembre sur l'ordre de Bernard Montgomery et ses troupes seront redéployées plus à l'Ouest avec la 82e division aéroportée afin de couvrir tout le front et mettre en échec les attaques allemandes.


L'incroyable histoire du char Tigre Royal 213

Ce Tigre II était un de ceux de la 1ère Panzer SS Leibstandarte du Kampfgruppe Peiper qui défendait la ferme Werimont dans le village de La Gleize. Le chef de char était le SS Obersturmführer Wilhelm "Helmut" Dollinger.

Wilhelm Dollinger


Il n'est pas établi si Dollinger a commencé l'attaque du 16 décembre aux commandes du 213, ou s'il se l'était approprié après que son char était tombé en panne. Le 213 aurait du être le char du chef de section SS-Unterscharführer Franz Faustmann mais c'est cependant bien Dollinger qui était à son bord à La Gleize.

Le 21 décembre, les chars américains de la Task Force "McGeorge" et de la Task Force "Lovelady", appartenant à la 3ème Division Blindée ont attaqué La Gleize.
Vers midi, Dollinger dans son 213 et le SS-Untersturmführer Georg Hantusch dans son 221 ont ouvert le feu sur une quinzaine de chars américains venant de Roanne. Sans succès. Les chars américains ont riposté et une salve a cassé net le canon du char de 88 mm du char de Dollinger. Le Tigre royal de Hantusch était également gravement endommagé et les deux équipages de chars durent s'enfuir.
Blessé à la tête, Dollinger se réfugia dans la cave de la ferme Wérimont. Le 213 fut abandonné là-même, à la ferme de Wérimont, lorsque le Kampfgruppe Peiper se replia de La Gleize, à pied.






Après la guerre, les Américains déblayaient les épaves et les emmenaient vers les aciéries de Liège. En Juillet 1945, le Tigre 213 passe dans La Gleize sur sa remorque...

(Ici, je vais "broder" légèrement pour mieux faire comprendre ce qui a sans dout du se passer.)

Nous sommes donc en juillet 1945, aux environs de la fête nationale belge, tout petit village de La Gleize perdu au milieu de nulle part, libre depuis peu, l'ambiance est à la fête.
Et quand arrive ce convoi américain, inévitablement c'est la liesse. Bons enfants, les ricains stoppent. Il fait soif par cette chaleur et ils se dirigent vers le petit café du village tenu par madame Jenny Geenen-Dewez et son mari. Des conversations joyeuses s'engagent, tout le monde veut parler avec les américains.
Et soudain, l'un des américains demande "combien pour la bouteille de cognac, là, dans le bar ?".
Le prix est trop élevé pour ce soldat qui a perdu sa solde hier soir au crabs et le peu d'argent qui lui reste l'empêche d'acheter la bouteille. Alors, madame Jenny Geenen-Dewez a une idée surprenante: la bouteille de cognac en échange du panzer qui est sur la remorque !!
On voit d'ici la réponse de l'américain: "OK, deal !".

(fin du "brodage")

Et en cette après-midi de juillet 1945, le char Königtiger 213 de la 1ère Panzer SS Leibstandarte Adolf Hitler, vestige d'une offensive perdue, ce char qui était voué à la fonderie redescendit lentement de la remorque et fut conduit près de l'église du village !
Et il reste là pendant 6 ans, sans que personne ne s'en soucie...

En 1951, il commence à gêner un peu et on le déplace de quelques dizaine de mètres et il trouve refuge devant le presbytère.



Là, il devient un jouet grandeur nature pour les enfants du village(à cette époque et encore bien longtemps après, tous les enfants jouaient à la guerre[j'en sais quelque chose !!]).



Au début des années 70(il est donc resté là près de 20 ans sans bouger d'un millimètre), on effectue un terrassement pour stabiliser la zone(juste à côté, c'est un petit ravin de quelques mètres). En même temps, on consolide la chenille droite qui est cassée. Comme on le voit, le canon de 88 mm est toujours dans le même état qu'en décembre 1944: cassé.



En 1994, soit 50 ans après la bataille, on commence à restaurer le char 213.
Le canon est réparé avec un bout de canon de 75 mm et le frein de bouche provenant d'un des chars Panther de Skorzeny laissés près de Malmedy.
On refait aussi la peinture hélas...



Et depuis, le char de Wilhelm Dollinger est là pour le plus grand plaisir des touristes.
Son camouflage n'a sasn doute pas grand chose à voir avec le camouflage utilisé à l'époque en Ardennes 1944, mais grâce à Madame Jenny Geenen-Dewez, La Gleize possède un vestige unique.
En effet, le char 213 est le seul Tigre Royal au monde à avoir été conservé intact sur les lieux mêmes de ses combats.







Regardez bien...
Rien remarqué ?


Deutsche Qualität !



Il y a même une vidéo, sans doute d'un Gi's revenu par là.




Notes annexes.

- Les chiffres sur la tourelle des chars allemands en 1944 signifiaient ceci:

2 = 2ème compagnie
1 = 1ère section
3 = 3ème véhicule

Le char 213 fut donc facilement identifiable. Deutsche Ordnung !

- Wilhelm Dollinger fut tué le 24 février 1945 durant les combats en Hongrie autour du Lac Balaton. Il avait 23 ans. Si il avait eu la chance de survivre au conflit, on peut dire sans crainte qu'il aurait apprécié de voir que son char avait reçu une nouvelle vie.




Archive audio 21 septembre 1944.

Avant de passer aux journées suivantes, un complément sur les combats de La Gleize décrit par le site du musée qui se trouve près du Tigre Royal 213, musée situé à l'endroit de l'ancien presbytère.
Pour un soucis de préservation purement historique(les sites web ont une fâcheuse tendance à disparaître dès que leurs gérants ne s'en occupent plus), je me permets de coller ici une partie du texte et d'y adjoindre quelques images. Le lien vers le site original se trouve sous ce message.

La Gleize est une section de la commune belge de Stoumont située en Région wallonne dans la province de Liège. Le Musée «Décembre 44» est implanté sur cette commune, là où les Allemands ont perdu la Bataille des Ardennes. Il est dédié entièrement à cette histoire locale.

Le petit village de La Gleize de nos jours. Situé dans la région la plus "montagneuse" des Ardennes Ouest à 2 km au Nord de la rivière Amblève, il fut ravagé par la violente bataille qui s'y est déroulée en décembre 1944.


Quand on parle de la Bataille des Ardennes on pense inévitablement à l’héroïsme des troupes américaines encerclées à Bastogne. Cependant, dans les plans allemands, c’est dans les forêts ardennaises au Nord que se trouvait la clef de voûte de l’offensive et Bastogne devait même être évitée(par le 5ème Corps d'armée blindé dont entre autres, la Panzer Lehr) sans s’y attarder.
Tout le poids de l’offensive au nord reposait donc sur la 1.SS Panzer-Division Leibstandarte Adolf Hitler emmenée par l’Obersturmbannführer Jochen Peiper.

Face aux allemands, les Alliés ont envoyé plusieurs de leurs divisions d’élite, tout d’abord les chars de la 3ème division blindée en appuis de l’infanterie de la 30ème division d’infanterie("les SS de Roosevelt")(*) et enfin les parachutistes de la 82ème Airborne.

Arpès de violents combats, encerclés à La Gleize par les forces américaines, 800 rescapés de la Leibstandarte s’enfuirent la nuit de Noël 1944 en abandonnant sur le terrain 135 véhicules blindés dont le Tigre Royal de 69 tonnes visible au musée.
Cet échec est considéré aujourd’hui comme la principale cause de la défaite allemande dans la Bataille des Ardennes et on peut dire que si les Américains ont gagné la Bataille des Ardennes à Bastogne, les Allemands l’ont perdue à La Gleize.


Face au musée, se trouve un bâtiment roman du XIIe siècle construit en pierre du pays, l'église, qui a été virtuellement détruite durant les violents combats de La Gleize.



En 1944, la crypte de l'église a servi d'abri pour les civils et les caves du village abritaient des familles, des troupes SS et des prisonniers américains lors du bombardement américain.
Celle-ci a subi d'importants dommages lors de la bataille et a perdu son clocher. Il a été reconstruit en 1951. Juste en face de l'église, de l'autre côté de la place du village se trouve le musée abrité dans l'ancien presbytère. **

Le presbytère abritant aujourd'hui le musée servait d'infirmerie aux panzergrenadieren de Peiper, retranchés aux alentours.



Le Musée December 1944 relate ces événements tragiques en offrant aux visiteurs l'opportunité de découvrir une des plus importantes collections d'Europe. Une impressionnante quantité de matériel qui a pour la plupart été retrouvée sur ce champ de bataille.

Life Magazine du 15 janvier 1945.
Sur la photo du haut on voit à droite un Tigre Royal abandonné, sans chenilles côté droit(Tirer dans les chenilles c'est toujours le meilleur moyen d'immobiliser un tank !).
Sur la photo du bas, le bâtiment est la maison communale de La Gleize, ou plutôt, ce qu'il en restait.


Le site du musée.
Ne manquez pas de cliquer sur les boutons en haut et de voir les pièces uniques de cette collection !
http://www.december44.com/fr/histoire.htm

Une des nombreuses pièce authentique du musée: le porte-cartes de Joachim Peiper !

Je suis très curieux de savoir comment il est arrivé là, je vois mal Peiper s'enfuir la nuit dans les bois sans emporter ses cartes ! Un de ses quatre, j'irai à La Gleize en espérant en rapporter l'explication...

*: les "SS de Roosevelt", c'est la première fois que je lis ça ! J'en laisse donc la responsabilité à l'auteur du texte en attendant de plus amples informations, que je reviendrai coller ici, si j'en trouve...

**: si vous avez écouté le fichier audio du 21 décembre 1944 dans le message précédant, vous aurez entendu un témoignage disant que sous les bombardements, les civils mais aussi les prisonniers américains ET des soldats SS de la Leibstandarte, priaient ensemble dans la crypte. Ce qui a inspiré au témoin la réflexion "je ne savais pas que des SS pouvaient aussi prier".

A suivre, stay tuned.

Le front ardennais en 1944 était très complexe, c'est le moins que l'on puisse dire...
Et comme tout les fronts des guerres mécanisées, il était très "mouvant".
Voyons la carte.



22 décembre 1944.

-Entre Saint Vith et Bastogne, les 116e et 2e Panzer Division de la 5e Panzer Armée, après avoir été retardées par les ravitaillements en carburant qui suivent difficilement, atteignent Hotton et Marche. Elles se heurtent à la 84e division américaine qui y a pris position la veille.

Soldats américains prisonniers le 22 décembre 1944.


-À Bastogne, la nuit du 21 au 22, la ville est complètement encerclée. Les Allemands, qui ne devaient pas s'y attarder mais qui ont compris que la percée de Peiper était ratée, se concentrent alors sur la ville, plus dans un soucis de "gloriole" que par nécessité stratégique. Ils veulent détruire le moral des américains et pensent que la destruction et la prise de Bastogne peut encore avoir un impact majeur sur la suite des événements. Dès lors, la 5ème Panzer Armée, mène successivement plusieurs attaques pour s'emparer de ce nœud routier particulièrement important, mais sans succès.
La place est défendue par 18 000 Américains comprenant la 101e division aéroportée, un groupement blindé de la 10e division blindée, un bataillon antichars, deux bataillons d'artillerie et des rescapés de la 9e division blindée et de la 28e division. La 101e division est normalement commandée par le général Taylor mais il est aux États-Unis. C'est le brigadier général Anthony McAuliffe qui assure l'intérim. On lui a confié le commandement de toutes les unités encerclées. Officier d'artillerie, il utilise de manière remarquable le feu des sept bataillons d'obusiers dont il dispose (cinq organiques, deux en renfort).

Le 22 à 12 h, les Allemands exigent la reddition de la ville sous menace de destruction. La réponse de McAuliffe est ferme et brève(NDLR: et elle a fait le tour du monde): "Nuts" ! Ca ne se traduit pas autrement que par "des noix" qu'il faut évidemment comprendre par "Non", allez vous faire voir".
NDLR: par ce petit mot, McAuliffe deviendra tellement célèbre qu'aujourd'hui encore, la place principale de la ville de Bastogne porte le nom de "Place Général McAuliffe" !

Général Georges C. Patton à gauche et général Anthony "Nuts" McAuliffe à droite, photographié à Bastogne en décembre 1944.


Buste de "Nuts" sur la place McAuliffe à Bastogne.


-Au sud, le 22 encore, la Panzer Lehr Division qui a contourné Bastogne par le sud, s'empare de Saint-Hubert.

-Plus au Sud, depuis le 20 la 4e division blindée américaine(3ème Armée US) s'est déployée dans la région d'Arlon. Le 22 à 06h00, sans attendre l'arrivée de toutes ses unités, Patton démarre sa contre-attaque en direction de Bastogne. Il roulera sans s'arrêter et tout feux allumés(à cause du brouillard) jusqu'à Bastogne, réalisant là une manoeuvre restée légendaire, parcourant la distance en un temps extrêmement court compte-tenu des circonstances.

Des parachutistes de la 101ème Airborne surveillent la route qui mène à Bastogne en décembre 1944.



23 décembre 1944.

-Au Nord, la ligne de défense alliée est fermement installée. Dans la nuit du 23 au 24, vers 04h00 du matin, Jochen Peiper, en panne de carburant et abandonné, fait sauter ses véhicules et s'exfiltre à travers bois. Il laisse à La Gleize ses blessés et des prisonniers américains. Tous ses chars sont perdus, la 1ère Panzer SS LAH est brisée. Ils rejoindront les lignes allemandes et reprendront le combat ailleurs.

Vidéo colorisée concernant le Kampfgruppe Peiper.
A 0'34" on aperçoit furtivement passer Wilhelm Dollinger dans son Tigre 213.
Le film contient aussi l'exécution des trois soldats de l'opération Stösser, fusillés à Henri-Chapelle.



-Plus bas, Bastogne subit de violentes attaques. Les défenseurs, qui disposent de moyens de communication, guident les attaques aériennes rapprochées(le ciel s'est un peu dégagé et les chute de neige ont cessé). Chaque jour, plus de cent tonnes d'approvisionnement, médicaments et munitions d'artillerie, leur sont parachutés.

À Marcouray, à court de carburant pour revenir vers les lignes américaines, le colonel Hogan(rien à voir avec "Stalag 13" !) demande à bénéficier d'un largage de fuel par parachute. Effectué le 23 et le 24, les colis tombent cependant derrière les lignes ennemies. Encerclés par trois divisions allemandes, une reddition leur est proposée le 24 après-midi. Le refus américain est catégorique. Ils s'échappent la nuit même à pied vers leurs lignes distantes d'une dizaine de kilomètres, par bois et prairies, après avoir saboté leurs véhicules. Ils atteignent Soy après 14 heures de marche et participeront, une fois rééquipés, à la contre offensive à partir du 3 janvier 1945.

Plus à l'ouest, les blindés allemands ont progressé dans la trouée entre Marche et Dinant mais avec lenteur car ils manquent de carburant et subissent sur leur flanc nord le harcèlement d'une brigade blindée britannique.

-Au Sud, les unités de Patton attaquent et la 4e division blindée pousse sur la route Martelange - Bastogne.

Pas de fichier audio aujourd'hui, le 23 décembre 1984 était un dimanche et la radio faisait l'impasse. Mais il y en aura un demain, très émouvant en ce soir de Noël.

Stay Tuned !

Avant de passer au 24, une image en rapport avec le "Nuts" de McAuliffe traité dans le message précédant.
C'est la copie de la réponse adressée aux émissaires allemands, copie qui fut affichée partout dans Bastogne durant le siège, à l'attention des para de la 101ème Airborne.
C'est une pièce originale !




Dimanche 24 décembre 1944.

-A l'Ouest, la Panzer Lehr prend Celles(8 km à l'Est de Dinant) et un peu plus au Nord, la 2ème Panzer Division(il s'agit de la 2ème Panzer de la Wehrmacht(Général Meinrad von Lauchert), rien à voir avec la 2ème SS Panzer Division "Das Reich") étaient en vue de la Meuse près de Dinant à Foy-Notre-Dame. En face de la 2ème Panzer, se trouve la célèbre 2e division blindée US surnommée "Hell on wheels"(l'enfer sur roues), une division que la 2ème Panzer a déjà combattue en Normandie et qui a été renforcée par une brigade blindée britannique du 30ème corps.
Une légende persiste depuis cette époque, expliquant que Mme Marthe Monrique, propriétaire d'un café("Le Pavillon Ardennais") situé au carrefour de Celles, ayant vu le premier char de la colonne sauter sur une mine(char toujours en place de nos jours), aurait fait croire aux allemands que toute la route était minée jusqu'à Dinant ! Les Allemands se seraient alors réfugiés dans les bois sans tenter de prendre cette route. La vérité est sans doute plus complexe, même s'il est possible que ce mensonge ait été dit.

Lorsque les Allemands arrivent à Celles par le petit chemin de Conjoux, ils sont exténués et à court de carburant. Une partie de la division fonce vers le carrefour de Celles et une avant-garde est envoyée vers Foy-Notre-Dame.

Mme Marthe Monrique devant le char Panzer V "Panther".


Mme Monrique fut également celle qui s'occupa des formalités pour obtenir et conserver la carcasse du char.


Le "Pavillon ardennais"


Le Panther de nos jours.







Le soir du 24 décembre, une Jeep fonce vers Dinant par le chemin du Froidveau. À son bord, trois soldats allemands habillés de vêtements américains(Opération Greif, voir plus haut). Ils tentent de forcer le passage du rocher Bayard et ils ne s'arrêtent pas aux injonctions des gardes. Un cordon de mines est tiré en travers de la route, la Jeep saute et les trois Allemands sont tués.
Pourquoi cette reconnaissance allemande ? On peut imaginer qu'ils devaient s'assurer que les chars pouvaient passer par le goulet formé par le rocher Bayard et la falaise avant de risquer de descendre sur Dinant par ce chemin. Ils ignoraient donc que ce passage est de 2,7 mètres et que, comme les plus petits chars allemands avaient une largeur de 3,2 mètres, ils n'auraient jamais pu passer par là !

Le rocher Bayard.


Dans l'ensemble, l'avance allemande était au point mort devant la Meuse. Des unités du XXX Corps britannique tenaient les ponts à Dinant, Givet et Namur et des unités américaines étaient sur le point de prendre le relais. Les Allemands avaient dépassé leurs lignes d'approvisionnement et les pénuries de carburant et de munitions devenaient critiques. Jusque-là, les pertes allemandes en blindés avaient été légères, à l'exception des pertes de Peiper. Dans la soirée du 24 décembre, le général Hasso von Manteuffel a recommandé au GQG de suspendre toutes les opérations offensives et de se replier sur le Westwall, mais Hitler a rejeté l'idée.

Cette nuit du 24 au 25, le baron Jacques de Villenfagne de Sorinnes est persuadé de pouvoir faire une reconnaissance des positions allemandes. Il demande l'autorisation au Major John Watts du 3rd Tank Battalion qui accepte. Avec son ami Philippe le Hardy de Beaulieu, ils parviennent à recueillir assez d'éléments pour indiquer aux Anglais les positions sur lesquels un tir d'artillerie doit être dirigé.

-Au Sud, Patton est bloquée à 10 km de Bastogne et doit effectuer un débordement par l'Ouest. Il ne pourra pas atteindre Bastogne pour la Noël comme espéré.

Le 24 décembre, des troupes chargées de représailles à la suite d'actions de résistance du mois de septembre font leur apparition dans le village de Bande(commune de Nassogne, à 10 km de Marche-en-Famenne). Ces troupes ont déjà sévi à Noville-lez-Bastogne les jours précédents et n'ont rien à voir avec la 2e Panzer Division qui occupe le village*. Elles exécutent froidement 34 civils dont le plus jeune venait d'avoir 17 ans. Un seul réussi à s'enfuir, Léon Praile, qui 40 ans plus tard racontera la tragédie pour la télévision(NDLR: vous entendrez ce documment sous peu).

-Au Nord, durant 3 jours, les 23, 24 et 25 décembre, Malmédy est bombardée par erreur par des avions alliés. Il y a plusieurs centaines de tués parmi la population belge et les militaires américains !

*: il s'agissait d'un détachement de la Gestapo, section du SD("Sicherheitsdienst", service de sécurité), envoyé par Himmler avec les troupes d'invasion et qui avaient pour mission de dépister et d'exécuter les membres des mouvements de résistance.
Les membres des cette "Compagnie spéciale d'Himmler" n'étaient pas tous des Allemands. Certains étaient étrangers à tous les officiers de la Wermacht qui logeaient au village et les témoignages parlent d'un Niçois, d'un Breton et d'un Suisse. Ces étrangers s'exprimaient en français et sans accent, certains ne comprenaient même pas l'allemand. Ils avaient pour mission de tuer trente villageois à Bande pour venger la mort des trois allemands tué par la résistance belge en septembre 1944.

__________________________********

Fichier audio du 24 décembre 1944 enregistré le 24 décembre 1984 à l'occasion du 40ème anniversaire de la Bataille des Ardennes. La météo du 24-12-44 au présent ainsi que le bulletin d'information des fronts, au présent également. Puis suivent quelques témoignages très émouvants.



Joyeux Noël !

25 décembre 1944.

Peu de choses à dire depuis hier, la situation n'a que fort peu changé excepté que le temps s'améliore et que le ciel s'est dégagé. Un grand soleil dans un ciel bleu à permis dès le 24, 5 000 sorties à l'aviation alliées contre seulement 1 000 sorties pour la Luftwaffe.
Ainsi, les troupes et la population de Bastogne sont ravitaillées en vivres, munitions et médicaments.

Au Sud, Patton n'a pas encore pu rejoindre avec sa 4ème division blindée et la 101ème Airborne, encerclée dans Bastogne, tient bon malgré une nuit de Noël passée sous un bombardement intensif de l'artillerie allemande.

Plus au Nord, la 2ème Panzer Division est bloquée à Celles et de nombreux soldats se rendent.

Stay tuned.

Une parenthèse dans le déroulé des opérations pour présenter une vidéo étonnante.
En 1993, un type a refait en voiture toute la route du Kampfgruppe Peiper jusqu'à Stavelot au départ de Scheid !
Il était en outre accompagné du Major Reynold qui lui fournissait des tas d'explications(en anglais). Les coordonnées des points de passage principaux s'affichent à l'écran, tout y est.

Je vous conseille de la télécharger puis de la regarder en agrandissant l'image en "zoom toutes directions".



Il en a deux autres qu'on trouve facilement en cliquant sur le nom du posteur sur Youtube. Mal numérotée car la "Day 2" est en fait la retraite de Peiper.

26 décembre 1944.

-L'avant-garde allemande à Dinant s'est battue sans carburant pour éviter son anéantissement tandis que leur division, soutenue par des unités de la Panzer Lehr Division et de la 9th Panzer Division, tentait en vain de percer.

Carte de la contre-offensive alliée du 26 décembre 1944.


-Il y avait peu de mouvement à l'avant de la 6e Armée Panzer. Alors que Montgomery regroupait les troupes sous son commandement pour contre-attaquer, des tapis de bombes sont tombés dans toutes les rues. Le front ainsi que l'arrière du front était soumis à des attaques aériennes constantes, qui détruisaient toutes les connexions des groupes de l'armée allemande. Coupée en deux, lourdement écrasée par les tirs d'artillerie, constamment attaquée par des nuées de chasseurs-bombardiers, la 2e Division Panzer a été pratiquement anéantie.(Wiki allemand)

L'infanterie américaine autour de Bastogne.


-Chaque jour l'aviation alliée fait des milliers de sorties. Le 26, la ville de Saint-Vith, considérée comme un objectif capital par les deux adversaires, est complètement détruite. Les sorties aériennes allemandes sont de moins en moins nombreuses et elles dépassent rarement quelques centaines.
Dix divisions alliées sont en ligne et deux en réserve. Le XXXe corps britannique peut intervenir à bref délai et la 6ème division aéroportée britannique est arrivée à Dinant.

À Bastogne, les ravitaillements par air continuent. Plusieurs planeurs atterrissent dont un amenant une équipe de chirurgiens.
Le 26 décembre 1944 à 16h45, l'avant-garde de la 4e division blindée américaine(Compagnie D du 37ème Tank Bataillon) parvient à réaliser la jonction. Le couloir est extrêmement étroit et les combats sont âpres pour l'élargir d'autant que les allemands réussissent à ramenener deux divisions SS et deux divisions d'infanterie.

Le Sherman M4 "Cobra King",'First in Bastogne' le 26 décembre 1944.


De nos jours, le Cobra King est la propriété du "Bastogne Barracks" et sort de temps en temps prendre l'air. Ils ont poussé le détail jusqu'à mettre la même caisse sur l'avant ! Par contre, ils ont royalement oublié l'étoile blanche sur la tourelle...


Une vidéo que je mets ici en hommage au général Patton, le vrai héros de Bastogne, avec ses hommes évidemment ! Notez que même si, comme pour les images allemandes d'époque, il s'agit de films de propagande, cela reste tout de même des images historiques d'une valeur inestimable. Songeons par exemple, si nous avions pu avoir des images des combats de Jules César ou de Napoléon, ça aurait eu une valeur énorme. Ici, c'est moins loin dans le tmeps, mais la valeur est tout aussi grande.


À Celles, la 2ème Panzer Division, qui est encerclée par la 2ème division blindée américaine, laisse 1 500 prisonniers et de nombreux véhicules.

Bien que Bastogne attire toujours l'attention des historiens et des médias populaires, la plus grosse bataille et la plus importante de l'offensive était la bataille de St Vith et ce, pour des raisons stratégiques essentiellement.

La bataille de Saint-Vith, qui débuta le 16 décembre 1944 avec la contre-offensive de la Ve Panzer Armee contre le flanc droit des positions du VIIIe Corps américain, visant à reprendre Anvers aux mains des Alliés. Elle résulta en une retraite américaine et la reprise de la ville par les Allemands le 21 décembre. Mais ensuite, St Vith fût bombardée quotidiennement et quasiment entièrement détruite. Après des combats meurtriers qui durèrement près de deux mois, Saint-Vith ne sera définitivement libérée par les Alliés qu'en février 1945. Cette résistance acharnée des alliés aura empêché le passage des forces allemandes qui, si elles avaient pu passer, n'auraient eu que peu de difficultés à atteindre Anvers. De plus, en mobilisant des troupes de blindés et d'infanterie, cette résistance des alliés contribua grandement(et même énormément) à la victoire à Bastogne qui, une fois reprise, condamnait définitivement l'offensive allemande.

St Vith en janvier 1945, détruite à 95%.


Des troupes américaines se déplacent autour de St Vith.


Vue aérienne d'un des bombardements de la ville par la RAF. Il s'agit de bombardiers Lancaster.



Le fichier audio du 26 décembre 1944 enregistré le 26 décembre 1984, en deux parties.
Il y a dans ces fichiers un témoignage amusant où un témoin dit en substance que la guerre en Ardennes c'était très localisé et qu'on s'y ennuyait copieusement ! Alors voir arriver la bataille c'était un événement et il se passait enfin quelque chose !


Un autre témoignage est très émouvant et le dernier plus encore, quand une dame raconte qu'elle était alors une fillette de 10 ans et qu'elle a eu la chance d'aller régulièrement dans le QG du général Patton, qui était "très gentil". Ceux qui ont eu la chance d'avoir une fille à cet âge comprendront parfaitement ce que devait représenter pour elle d'être ainsi "impliquée" dans la bataille, de pouvoir téléphoner aux différentes unités avec le téléphone de campagne et d'ainsi "travailler" avec le général ! Et ils comprendront tout autant l'émotion qui lui serre la gorge en parlant, quand elle explique que "le matin ils partaient au combat et ils revenaient le soir ou deux jours après, ou ils ne revenaient pas...






War is not over, stay tuned !

27 décembre 1944


-Celles est définitivement nettoyée.

Matériel allemand abandonné à Celles en décembre 1944.



-A Grandmenil, les américains prennent la ville au lance-flammes et viennent finalement à bout de la 2ème Panzerdivision "Das Reich".

Baraque Fraiture.


NDLR: je vous recommande la lecture de ce lien sur la bataille de Grandmenil:
https://www.grandmenil.com/attacking-baraque-de-fraiture-2/

Bataille pour Grandmenil et Manhay.


Manhay en ruines.


Grandmenil, 27 décembre 1944.



-Les villes de La Roche et Houffalize sont à nouveau bombardées, nombreuses victimes.
NDLR: un lien vers le bombardement de Houffalize, ville-martyre:
https://discoveringbelgium.com/2019/02/09/bombing-houffalize/

La Roche en ruines.


Houffalize, "La vieille Auberge" en ruines.


Houffalize, le Panther dans la rivière.


Houffalize détruite.


Houffalize de nos jour avec le Panther restauré.


-Le 27 encore, un convoi d'ambulances peut évacuer 650 blessés de Bastogne où le général Taylor a rejoint sa division. Après avoir remercié et félicité MacAuliffe, il reprend le commandement. Les jours suivants, munitions, équipements chauds, cigarettes et même, avec un peu de retard, dindes de Noël arrivent à Bastogne.

Parachutage au-dessus de Bastogne, décembre 1944.


Un Dakota posé sur le ventre près de Bastogne


Parachutage en cours à Bastogne 1944.


La 101ème Airborne en marche.



Les réserves allemandes ont progressivement atteint Bastogne avec l'ordre de refermer la ville au sud-est, ce qui contraint Patton d'engager la 35ème Division d'infanterie pour empêcher les allemands de fermer le couloir de 300m que ses chars avaient ouvert.

Sergent Herbert S. LIMAN de la 35ème Division d'infanterie, photographié à Lutrebois en décembre 1944.


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http://www.ardenneswhitestar.be/fr/le-coin-de-l-historien/108-la-35eme-division-d-infanterie-us-dans-la-bataille-des-ardennes-en-1944-1945

-Le report de l'attaque dans le nord a été très mal pris par Bradley et Patton. Ils supposaient que Montgomery ne voulait pas utiliser les quatre divisions britanniques qu'il maintenait en réserve. Il n'était pas intéressé par une attaque continue car il voulait disposer d'une force forte au moment où les réserves allemandes seraient bloquées. De plus, Montgomery regardait bien au-delà des Ardennes car, contrairement aux Américains, il ne s'attendaient plus à de nouvelles attaques et tenait à garder son XXX Corps pour la prochaine bataille en Rhénanie.

Fichier audio du 27 décembre 1944 enregistré le 27 décembre 1984.



Be careful, they shoot real sluts !

Le 28 décembre 1944, enfin convaincu par son état-major, Hitler finit par admettre qu' Anvers ne peut être atteinte et décide de modifier l'objectif de l'offensive. Il s'agit désormais de détruire les forces alliées dans les Ardennes.

Le 30 décembre 1944, la 5e armée de Hasso von Manteuffel lance une attaque importante pour essayer de couper le corridor vers Bastogne.

Le 1er janvier 1945 à l'aube, la Luftwaffe exécute une attaque massive, l' Opération Bodenplatte. Cette opération de très grande envergure avait été programmée pour le 16 décembre 1944 mais la météo était alors trop mauvaise et elle dut être reportée. Le 1er janvier 1945 fut le premier jour où le temps permettait de lancer l'opération.

Il s'agissait pour les allemands de tenter d'acquérir, ou du moins d'affaiblir, la supériorité aérienne au-dessus du champ de bataille des Ardennes pour soulager les troupes engagées. Environs 900 appareils, chasseurs et chasseurs-bombardiers furent engagés, soit presque tout ce que la Luftwaffe possédait encore à l'Ouest. L'objectif militaire était la destruction au sol des avions alliés basés dans une zone comprenant le Nord-Est de la France, l'Est de la Belgique et le Sud des Pays-Bas.

Volant en rase-mottes depuis leurs bases de départ, les Me109 et les FW190 attaquèrent une trentaine de bases alliées pendant que des Arado 135 à réaction exécutaient une diversion en bombardant Rotterdam et Bruxelles. Selon certaines sources, près de 1000 avions alliés furent détruits ou endommagés mais, pour ne pas inquiéter la population, les services d'information alliés ont à l'époque minimisé les faits.
La Luftwaffe perd toutefois dans ce raid 277 avions et beaucoup de ses derniers pilotes chevronnés. A partir de cette date, elle ne sera jamais plus en mesure de combler ses pertes et de jouer un rôle jusqu'à la fin de la guerre. Les Alliés, qui n'ont presque pas perdu de pilotes dans cette opération, remplacèrent les avions perdus en deux semaines.

Pour plus de détail sur cette opération voir la page Wiki: https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bodenplatte

Le 1er janvier 1945 encore, profitant de l'affaiblissement du groupe d'armées Devers, les allemands lancent une attaque de diversion en Alsace, mais sans aucune répercussion sur le front des Ardennes.

Fichier audio du 31 décembre 1944 enregistré le 31 décembre 1984 dans le cadre du 40ème anniversaire de la bataille des Ardennes.
Dans ce fichier, vous entendrez le témoignage de Léon Praile racontant le massacre des civils à Bande dont on a parlé plus haut et comment il s'en est échappé.

Léon Praile.




Sur ce lien, vous aurez d'autres témoignages ainsi que plusieurs photos d'époque:
https://mayenne-ww2.forumactif.org/t1284-bande-commune-de-nassognebelgique


Les crimes de guerre

Le propos principal de ce sujet étant la reconstitution historique de l'offensive sur un plan strictement militaire, j'ai volontairement évité de parler de ce que l'Histoire a retenu sous le nom de "Massacre de Malmedy"(mais qui en fait eut lieu au carrefour de Baugnez) le 17 décembre 1944. Et si j'en parle à l'occasion de ce 1er janvier 1945 c'est qu'il a engendré un autre massacre, à Chenogne et commis lui, par les forces américaines en "représailles" et qu'il m'a semblé intéressant de rapprocher ces deux faits tragiques.

Il n'entre évidemment pas dans mes intentions de justifier un massacre qualifié de "crime de guerre", qu'il soit allemand ou américain, et encore moins de porter un jugement sur des faits dont on ne sait pas encore toute l'exacte vérité, les archives de guerres étant encore en grande partie sous scellés. Il faut toutefois bien en parler en restant le plus possible accrochés aux seuls faits confirmés.


Malmédy, 17 décembre 1944.

Le 17 décembre, comme nous l'avons vu plus haut, la "Spitze"(éclaireurs) de la 1.Pz SS Leibstandarte arrive au carrefour de Baugnez avec 48 heures de retard sur le plan prévu. Elle y rencontre une trentaine de camions américains du 285ème bataillon d'observation d'artillerie. Les allemands immobilisent le premier et le dernier camion, les soldats américains, faiblement armés face aux blindés légers de la spitze, se rendent.
La mission de la spitze, c'est de foncer vers l'Ouest et pas de tenir un camp de prisonnier. Ils contactent donc leurs supérieurs et reçoivent l'ordre de désarmer les prisonniers et de les "parquer" dans le pré en bord de route. Ce qu'ils font, puis ils repartent en avant.
Les soldats américains sont alors là, seuls et sans gardien, au milieu de nulle part. Les camions sont toujours là aussi et probablement contiennent-ils encore des armes. Quelques minutes plus tard, arrive sur les lieux, le gros de la 1.Pz avec ses chars lourds et son infanterie mécanisée.

De nombreuses versions ont circulé sur le déroulement des faits et à ce jour, malgré que 43 américains aient pu s'échapper, on ne sait toujours pas exactement ce qui s'est passé, ce qui nous réduit à des conjectures qui n'ont rien de faits certifiés.

Voici ce que dit le wiki français:

Pour une raison qui aujourd’hui encore reste obscure, les Allemands vont soudain ouvrir le feu sur leurs prisonniers. Du côté allemand, certains ont par la suite prétendu que des prisonniers auraient tenté de s’évader. D’autres disent que, laissés à eux-mêmes dans la prairie, les prisonniers auraient repris les armes qu'ils avaient abandonnées et ouvert le feu sur les troupes allemandes qui continuaient leur progression en direction de Ligneuville. Selon certaines sources, il s'agirait essentiellement d'un incident malheureux dû à un enchaînement de circonstances ayant conduit les Allemands à ouvrir le feu sans qu'ils aient réellement eu l'intention délibérée d'abattre leurs prisonniers.

Toujours est-il que 84 soldats américains ont été tués à cet endroit par des membres de la 1.Pz SS Leibstandarte, ce fait est incontestable. Certains cadavres, une vingtaine, portaient des traces de tir à bout portant laissant à penser qu'ils avaient été achevés.

Liens vers le massacre de Baugnez:
-Anglais: https://en.wikipedia.org/wiki/Malmedy_massacre
-Français: https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Malmedy
-Allemand: https://de.wikipedia.org/wiki/Malmedy-Massaker

Le procès.

Après la guerre, en 1946 à Dachau(et non pas à Nürnberg), s'est tenu le procès de Jochen Peiper et 41 de ses hommes. Ce procès fut une véritable mascarade, bien trop longue à raconter ici. Le fait que parmi les 84 victimes se trouvaient le fils d'un sénateur américain et celui d'un riche industriel n'était sans doute pas étranger au fait qu'il fallait absolument aux américains un "bouc émissaire" qu'ils avaient choisi: l'Oberststurmbhanfürher Joachim Peiper. Pourtant, Peiper n'était pas à Baugnez et n'a jamais donné l'ordre de tuer les prisonniers, ça a été confirmé par la suite. Les ordres venaient d'en haut, du GQG de Hitler et avaient été transmis par Sepp Dietrich à tous les officiers de son corps d'armée. Mais, soumis à de fortes pressions(on a parlé de tortures qu'une commission d'enquête ultérieure n'a ni confirmées, ni démenties) et en échange d'une garantie que ses hommes ne soient pas poursuivis, Peiper accepta de reconnaître avoir donné l'ordre et fut condamné à mort avec bon nombre de ses hommes. Le général Dietrich lui, ne fut condamné qu'à la prison à vie(avant d'être libéré peu de temps après).

Plusieurs pendaisons eurent lieu avant qu'une révision ne soit demandée, à la suite de laquelle, toutes les peines furent commuées en emprisonnement. Jochen Peiper fut libéré en 1956 et se retira en France où il fut lâchement assassiné en 1976, chez lui à Trèves en Franche-Comté, par un groupe qui se nommait "The Avengers"("les vengeurs", qu'on soupçonne être d'anciens communistes des FTP) et que la Justice ne chercha jamais à identifier...

Liens vers le procès de Malmédy:
-Anglais: https://en.wikipedia.org/wiki/Malmedy_massacre_trial
-Français: https://fr.wikipedia.org/wiki/Proc%C3%A8s_du_massacre_de_Malmedy

Vidéo du procès. Attention âmes sensibles s'abstenir, plusieurs pendaisons sont filmées sans détour.
On peut aussi noter l'étonnante froideur avec laquelle les soldats de la Leibstandarte entendent leur condamnation. Le Président dit "Death by hang"(mort par pendaison), pas une émotion ne se voit, demi-tour réglementaire et retour vers la cellule entre deux MP's, aucune protestation, ni révolte. Rien. Idem lors des pendaisons, pas un geste, pas une grimace...Impressionnant.



Chenogne, 1er janvier 1945.

Alerté par les rescapés du massacre de Baugnez, les américains sont évidemment furieux.
Ordre est alors donné de "ne pas faire de prisonniers SS ou parachutistes et de tirer dessus à vue"(source: Hugh Cole, The Ardennes: Battle of the Bulge, 1965).

Le massacre de Chenogne est le meurtre de prisonniers de guerre de la Wehrmacht(donc, pas de Waffen SS) par des troupes américaines, près du village de Chenogne, en Belgique, le 1er janvier 1945. C'est l'un des* crimes de guerre commis au cours de la bataille des Ardennes impliquant les Alliés.

Le témoignage choc affiché sur Wiki:


Vu l'ampleur des textes concernant Malmédy, on peut dire que les Wikis, français et anglais, ne sont pas vraiment bavards sur ce massacre de Chenogne. Le Wiki français évite même de montrer le document rédigé de la main même du général Patton confirmant que 50 médecins allemands avaient été exécuté.
Par contre le wiki allemand est amplement mieux fourni et je vous laisse le lire:
https://de.wikipedia.org/wiki/Massaker_von_Chenogne

Les 3 Wikis recoupés en disent cependant assez pour comprendre et c'est bien tout ce qui nous intéresse.
Ces meurtres ont bien évidemment été dissimulés à l'époque et il n'y a eu après la guerre, ni poursuite, ni procès, ni punition envers les responsables.

L'histoire officielle d'après-guerre publiée par le gouvernement des États-Unis déclare que "s'il est probable que les Allemands qui ont tenté de se rendre dans les jours qui ont immédiatement suivi le 17 décembre 1944 couraient un plus grand risque d'être tués qu'au début de l'année, il existe aucune preuve que les troupes américaines ont profité des ordres, implicites ou explicites, de tuer leurs prisonniers SS".

Cependant, selon George Henry Bennett et se référant à la déclaration ci-dessus, "la mise en garde est un peu fallacieuse, il est probable que les ordres donnés par le 328ème régiment d'infanterie, de tirer sur les prisonniers ont été exécutés et que d'autres régiments américains ont probablement également reçu des ordres similaires.

Mais le meurtre de prisonniers SS était devenu courant à l'époque pour certaines unités. La 90e division d'infanterie de la Sarre exécuta les prisonniers Waffen-SS de manière tellement systématique fin décembre 1944 que le quartier général dut donner des ordres express de prendre des soldats Waffen-SS vivants afin de pouvoir obtenir des informations d'eux...

En juillet 2018, la radio KQED-FM a diffusé un épisode de la série Reveal intitulé "Take No Prisoners: Inside a WWII American War Crime" dans lequel Chris Harland-Dunaway a enquêté sur le massacre de Chenogne. Selon ses sources, les soldats américains ont abattu environ 80 soldats allemands après leur reddition(environ un pour chaque mort dans le massacre de Malmedy). Harland-Dunaway se réfère au journal du général George S. Patton dans lequel ce dernier confirme que "les Américains ont également assassiné une cinquantaine de médecins allemands. J'espère que nous pourrons cacher cela".

Sous la plume de Patton, la confirmation du massacre de 50 officiers-médecin allemands.


Selon un dossier déclassifié auquel Harland-Dunaway a eu accès, un soldat nommé Max Cohen a décrit avoir vu environ 70 prisonniers allemands mitraillés par la 11ème division blindée à Chenogne. Le commandant suprême du Corps expéditionnaire allié, le général Dwight D. Eisenhower, a exigé une enquête complète, mais la 11ème division blindée n'a pas coopéré, déclarant "qu'il est trop tard, la guerre est finie, les unités sont dissoutes".

Fin de l'histoire et malheur aux vaincus...

Pour en terminer avec les crimes de guerre et afin que les lecteurs ne soient pas maintenus dans l'ignorance par une certaine version de l'Histoire(toujours en cours de manipulation 75 ans après les faits...), voici un lien très intéressant concernant tous les crimes de guerre commis par les alliés durant la période 1939-1945. Comme moi, vous allez sans doute tomber de vos chaises en lisant ça...

On commence par le massacre d'Abbeville du 20 mai 1940 qui est l'exécution sommaire(donc, sans jugement) par des soldats français de 21 civils belges arrêtés administrativement par le gouvernement belge et livrés dans la débâcle aux autorités françaises, soupçonnés d'être des collaborateurs ou espions.

On continue avec par exemple ce dossier, secret pendant la guerre et rendu public seulement en 2006, qui révèle que les soldats américains ont commis 400 crimes d'ordre sexuel en Europe, dont 126 viols en Angleterre, entre 1942 et 1945. Une étude réalisée par Robert J. Lilly estime qu'un total de 14 000 femmes civiles en Angleterre, en France et en Allemagne, dont 11 040 pendant l'occupation de l’Allemagne, 3 620 pendant la libération de la France, et 2 040 en Angleterre, ont été violées par les G.I américains pendant toute la Seconde Guerre mondiale.

Appelés en Italie les "marocchinate", des crimes sont commis en 1944 en Ciociarie, par l'armée d'Afrique du corps expéditionnaire français en Italie, accusée de violences et de pillages. Selon des sources italiennes, plus de 12 000 civils, surtout des femmes, des enfants et des vieillards ont été enlevés, violés(de 11 ans pour la plus jeune, à 86 ans pour la plus âgée !) ou tués.

L'historien Pierre Lieb a constaté que de nombreuses unités américaines et canadiennes ont reçu l'ordre de ne pas faire de prisonniers lors du débarquement de Normandie. Si ce point de vue est correct, il peut expliquer le sort des 64 prisonniers allemands(sur 130 capturés) qui furent massacrés.

Et nous n'oublierons pas les bombardements sur des civils allemands, Dresden par exemple, emplie de réfugiés fuyant l'avancée soviétique et où plus de 250 000 personnes disparurent dans le phosphore liquide, pas plus que personne n'oubliera ni Hiroshima, ni Nagasaki, 2 bombes pour 250 000 morts civils.

Bref, en matière de crimes de guerre, on peut franchement dire que les deux camps se valaient bien.
C'était la guerre dirions-nous 75 ans plus tard.
Oui, mais la guerre en elle-même n'est-elle pas aussi un crime ?

* https://fr.wikipedia.org/wiki/Crimes_de_guerre_des_Alli%C3%A9s

War's not over, stay tuned.

Note pour ceux qui ont lu le dernier message avant que je ne poste celui-ci: j'ai rajouté les liens vers les Wiki anglais et français traitant du procès de Malmédy. Par contre je n'ai pas encore trouvé un site allemand qui en parle...

Ce message sera effacé lorsque je posterais la suite.

Couvrez-vous bien, ça caille en janvier 1945 !